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    Les zones abritant les fonctions productives et artisanales sont trop souvent décriées pour leur laideur et leurs aménagements anarchiques. Souvent déconnectées des lieux de vie de la cité, elles sont menacées par la pression foncière et immobilière qui s'exerce sur les territoires de la métropolisation, et notamment dans le Grand Paris. Comment évolueront-elles lorsque les fenêtres des nouvelles habitations feront face aux amas de tôle ondulée, de déchets sauvages et aux proliférations d’herbes folles insolemment ancrées dans les failles de l’asphalte ? Ces interrogations sont un prétexte pour errer dans ces environnements de prime abord hostiles et sans intérêt, en particulier le weekend. Ces zones a priori muettes forment un angle mort du regard habituel, que le travail photographique permet de révéler en rendant possibles des propositions esthétiques alternatives et décalées. Des fragments de ce paysage urbain se conjuguent alors pour former une grammaire picturale. Les relations entre les couleurs, les textures, les matériaux et leurs imperfections sont les éléments du corps intime d’une architecture purement fonctionnaliste. L’exploration photographique donne à voir un contre-paysage dans l’aridité de zones d'activités figurant plus souvent de véritables déserts dans le regard de leurs usagers.
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Les zones abritant les fonctions productives et artisanales sont trop souvent décriées pour leur laideur et leurs aménagements anarchiques. Souvent déconnectées des lieux de vie de la cité, elles sont menacées par la pression foncière et immobilière qui s'exerce sur les territoires de la métropolisation, et notamment dans le Grand Paris. Comment évolueront-elles lorsque les fenêtres des nouvelles habitations feront face aux amas de tôle ondulée, de déchets sauvages et aux proliférations d’herbes folles insolemment ancrées dans les failles de l’asphalte ? Ces interrogations sont un prétexte pour errer dans ces environnements de prime abord hostiles et sans intérêt, en particulier le weekend. Ces zones a priori muettes forment un angle mort du regard habituel, que le travail photographique permet de révéler en rendant possibles des propositions esthétiques alternatives et décalées. Des fragments de ce paysage urbain se conjuguent alors pour former une grammaire picturale. Les relations entre les couleurs, les textures, les matériaux et leurs imperfections sont les éléments du corps intime d’une architecture purement fonctionnaliste. L’exploration photographique donne à voir un contre-paysage dans l’aridité de zones d'activités figurant plus souvent de véritables déserts dans le regard de leurs usagers.
Nouveaux visages de la ville active

Dans le repos paradoxal des zones d'activité

regards graphiques

Aux frontières de nos agglomérations ou au cœur de certaines autres, les zones d'activités sont aussi des supports esthétiques performants, pourtant presque invisibles à l'œil nu. A travers l'exemple de la ZA des Vignes à Bobigny (93), Yann Aubry nous révèle le potentiel graphique des couleurs et des géométries de sites diversement délaissés, matériau inhabituel qui s'affiche au passant attentif.

Le cycle #4 de Sur-Mesure a été l’occasion de tisser un partenariat avec Point Virgule, un collectif d’urbanisme qui mène un travail d’investigation et de prospective sur les zones d’activités économiques. En Mai 2018, Point Virgule organisait un concours photo ouvert à toutes les sensibilités et aux photographes professionnels ou amateurs, pour documenter ces espaces et leur relation à la ville. L’ambition du concours visait à affiner la compréhension du fonctionnement de ces espaces, et à révéler les potentialités qu’ils contiennent.

Après la publication des séries lauréates du concours en inauguration de ce quatrième cycle, Sur-Mesure a souhaité publier d’autres travaux retenus pour leur intérêt thématique, documentaire ou esthétique, et leurs qualités formelles, en lien avec le thème des “nouveaux visages de la ville active”.


Le photographe et urbaniste Yann Aubry, contributeur régulier de Sur-Mesure, nous offre un regard singulier sur les zones d'activité économiques : n'ont-elles pas été, au temps de leur construction, les théâtres d'une recherche architecturale toute particulière, où l'on a concilié les fonctions éminemment productrices et celles, plus symboliques, d'un urbanisme fonctionnaliste qui recherche la création malgré tout d'un morceau de ville rattaché à cette dernière ?

Alors, les zones d'activité deviennent de vrais paysages, tantôt épurés, tantôt fournis et foisonnants, où se superposent les lignes droites et dures et les courbes comme des signaux d'une vie urbaine, présente et à venir.